compagnie danse louis barreau

« Je poursuis avec cette création la mise en dialogue entre musique et danse, avec 3 danseurs, 2 danseuses et les 4 musiciennes du Quatuor Magenta sur scène. C’est une traversée au cœur du travail de 3 compositrices, de 1834 à aujourd’hui : Fanny Mendelssohn (XIX^e), Henriëtte Bosmans (XX^e) et Caroline Shaw (XXI^e). 
Cet itinéraire chorégraphique relie, au fil de 200 ans d’histoire, le patrimoine musical et culturel à des enjeux sociétaux d’aujourd’hui. 
Il retrace l’évolution de la forme quatuor à cordes, du romantisme de Mendelssohn à la modernité de Bosmans, jusqu’à la vivacité accessible et actuelle de Shaw. 
Il rend visible l’exceptionnel travail des femmes compositrices, injustement censurées depuis des siècles, aujourd’hui encore trop souvent reléguées dans l’ombre des hommes.
Ce voyage chorégraphique et musical inédit traverse le répertoire, de l’époque classique à la création contemporaine. Il est rythmé par les contrastes et évolutions du quatuor à cordes au fil des siècles, alliant intimité, finesse, humour et exaltation.

La danse est composée précisément dans l’espace et le temps, ponctuée par des  fulgurances d’improvisation, entre géométrie sensible et jubilation des corps se rencontrant. C’est une danse de lignes, de bras, de jambes ; une danse de regards portés sur l’autre, de sourires spontanés. Une danse de marches qui ouvrent de nouveaux rapports à l’espace, ponctuée d’arrêts, d’images, de formes ciselées et mouvantes qui s’élancent et se renouvellent. 
C’est un kaléidoscope d’unissons, de contrepoints, de répétitions, de ruptures, de canons et de fugues ; une danse qui joue dans la structure, où l’on se croise, se double, se duplique, où les mains se rejoignent parfois, rappelant le bonheur simple d’être ensemble. 
Entre technicité et épure, performance et humanité, mathématique et liberté, abstraction et décalage, c’est une danse du présent, contrastée, vibrante et enthousiaste, nourrie des héritages chorégraphiques du passé, élancée vers le futur et son potentiel de transformation.

Au fil de la pièce, la danse se transforme avec la musique. On traverse des siècles d’histoire et de changements esthétiques, sociales, artistiques, philosophiques… À mesure que les costumes et les corps dansants se transforment, des silhouettes d’époques successives surgissent et se succèdent, comme des réminiscences incertaines, des images fortes révélant les représentations, métamorphoses et émancipations des identités invisibilisées, du passé lointain à aujourd’hui. Des images fugaces, parfois subliminales, témoignent du passage du temps. La danse mue en même temps que la place des compositrices s’affirme. 
Dans une scénographie sobre, plastique et percutante, les corps dansants circulent de part et d’autre d’un fond rosé fendu en plusieurs sections, dont les couleurs et la transparence varient sous une lumière à la fois mystérieuse et éclatante. Pendant qu’elles jouent, les musiciennes sont très lentement déplacées du fond à l’avant du plateau, du début à la fin de la pièce. 
À la fin, la musique est au premier plan. Peu à peu, presque imperceptiblement, les corps se sont affranchis, “les compositrices sont là”, pleinement visibles, au plus près du public. Et avec elles, symboliquement, dans la lumière, toutes les personnes autrefois et aujourd’hui tenues à la marge. »

Louis Barreau